Sous ce terme un peu barbare, « euphonique », se cache un aspect purement pratique de notre conjugaison, que nous employons la plupart du temps sans le savoir. Euphonie s’oppose à cacophonie, et dans cette acception, la notion de lettre « euphonique » désigne un ajout d’une lettre fait pour faciliter la prononciation d’un groupe. En linguistique, c’est ce qui permet d’harmoniser la prononciation.
Un exemple tout simple : dans « vas-y », le « s » ne fait pas partie du verbe conjugué « aller » à l’impératif « va ! ». Il est ajouté pour fluidifier la prononciation.
Parmi les lettres euphoniques, on trouve donc essentiellement le « s » et le « t », et plus anecdotiquement le « l ».
Le S euphonique
On le rencontre le plus souvent avec l’impératif de certains groupes de verbes. Ce même « s » qui peut amener à croire qu’il fait partie intégrante de la conjugaison, alors que ce n’est pas le cas ! On trouve un « s » euphonique avant les pronoms « en » et « y » :
- Vas-y ! Manges-en ! Penses-y !
Attention, les verbes du 1er groupe (en -ER) ne prennent pas de « s » à l’impératif !
- Regarde ! Mange ! Chante ! etc.
Le T euphonique
Le « t » euphonique est placé la plupart du temps entre un verbe et le pronom sujet en position inversée :
- Y a-t-il un pilote dans l’avion ?
- Aime-t-il son amie ?
Il s’écrit TOUJOURS entre deux traits d’union « -« . Ainsi, on n’écrira jamais, comme je le vois parfois : « Y a t’il ? » par exemple.
Dans certains cas, on ne le met pas, lorsqu’on entend déjà le son [t], notamment avec les verbes conjugués finissant en d :
- Entend-il ? Et non « entend-t-il ? »
- Apprend-on l’anglais à l’école ?
Ne pas confondre le T euphonique avec le t’ qui est la forme élidée de TE dans les verbes pronominaux :
- Va-t’en ! (verbe s’en aller)
- Souviens-t’en ! (verbe se souvenir)
Dans ce cas, on écrit effectivement t’ et non avec un trait d’union pour faire la distinction grammaticale.
Le L euphonique
Il sert à la prononciation de « on » dans certains cas : « l’on » (cette utilisation n’a rien d’obligatoire toutefois)
- Si l’on, et l’on, où l’on…
On l’évitera dans certains cas :
- Avec les verbes commençant par L : « Si on lâche », et non pas « si l’on lâche » ;
- Avant les verbes commençant par « con » après « que » : « il faut qu’on conduise » donne à l’oreille la répétition du son [con], assez malvenue ; dans ce cas, on écrira plutôt « il faut que l’on conduise« .